Mais pourquoi donc ne veulent-ils pas de la Re2020 ? Les bénéfices de l’utilisation de matériaux biosourcés

La re2020, NOUVELLE Réglementation énergétique dans le batiment remplacera progressivement l'ancienne rt2012

Elle apporte des bouleversements majeurs dans la conception et la réalisation des bâtiments notamment par une utilisation accrue du bois et des matériaux biosourcés, l’effondrement attendu du gaz naturel dans les logements neufs, et une prise en compte plus importante du confort d’été. C’est une étape nécessaire qui permettra progressivement au BTP de réduire son impact carbone sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, et pas seulement en phase chantier. Alors pourquoi cette levée de boucliers généralisée dans l’industrie ?

Le béton a été très largement utilisé en France au cours des XXe et XXIe siècles notamment en raison de propriétés mécaniques absolument fantastiques, d’une grande simplicité d’utilisation, et d’un coût relativement faible. Mais l’utilisation du béton fait du BTP l’un des premiers émetteurs de CO2 dans le monde avec environ 20% des émissions selon les estimations et les pays. Ceci est directement lié à l’utilisation de ciment (l’un des “ingrédients” du béton) dont la production représente à elle seule environ 8% des émissions de CO2 dans le monde.

Des innovations, prétendument bas carbone, émergent pour continuer à construire comme avant: le désormais célèbre béton bas carbone, l’impression 3D de béton, ou encore la décarbonation du béton. Malheureusement, less bad is not good: ces artifices sont loin de satisfaire aux attentes de la société qui prend progressivement conscience de l’ampleur des dégâts, loin de se mettre au niveau des changements en cours dans d’autres industries, et loin de se conformer aux objectifs de la Re2020. Dans un contexte de croissance de la population et de mal logement d’une part significative de celle-ci, il est exclu de construire moins, la France ne construisant déjà pas assez de logements par rapport à ses besoins.

Le problème ? Économique comme toujours. L’utilisation de ces matériaux plus nobles et systèmes énergétiques décarbonés suppose une évolution de la conception des bâtiments, et est généralement plus coûteuse. Cela fait craindre une hausse du coût de construction (de l’ordre de 5 à 10%), hausse difficilement répercutable sur l’acquéreur en raison de l’explosion de la charge foncière, et dans un contexte de marges faibles des entreprises de construction (5% en moyenne, avec des hauts et des bas). A titre d’exemple, extrême, il coûte aujourd’hui environ 1 500 à 3 000€/m2 TTC de construire un logement à Paris, mais l’acquéreur devra également s’acquitter du coût du foncier, pour un total en moyenne supérieur à 10 000€/m2 TTC.

 

Dans ce contexte, quelles sont les alternatives pour les promoteurs et constructeurs ?

Le bois, les matériaux biosourcés et l’électricité (majoritairement d’origine nucléaire en France) semblent être les grands gagnants de cette nouvelle réglementation qui offre une feuille de route en ligne avec la Stratégie Nationale Bas Carbone. Il est toutefois important d’éviter l’écueil classique du “tout ou rien”: la solution ne sera bien entendu pas 100% bois (encore moins s’il arrive par camion de l’autre bout de l’Europe), et comme toujours c’est la diversité des solutions, et leur utilisation mesurée, qui fera réellement la différence. De belles collaborations vont d’ailleurs voir le jour dans les prochaines années (#JO2024) pour montrer la complémentarité des matériaux, notamment entre le bois et le béton.

 

Face à un problème principalement économique, la solution est économique, sociale et environnementale. En laissant de côté le sujet, majeur, de la charge foncière (de belles initiatives sont en cours), l’utilisation de ces matériaux représente effectivement un surcoût par rapport à la mise en œuvre de matériaux traditionnels, au bénéfice de l’environnement via une réduction de l’impact carbone (jusqu’à 60% selon les types de bâtiments). C’est pour cela qu’il est nécessaire de transformer le processus de construction des bâtiments en passant par des processus d’industrialisation afin de compenser le surcoût de leur utilisation. L’industrialisation est la seule façon d’absorber le surcoût matière, et l’une des seules façons pour le BTP de renouer avec des marges plus confortables et sortir de la “zone de stress économique”. Certaines entreprises de construction industrielle ont d’ailleurs depuis longtemps atteint des marges 3x supérieures aux moyennes de l’industrie.

 

Cerise(s) sur le gâteau, l’industrialisation permet d’augmenter considérablement la qualité du bâti (et notamment les performances énergétiques du bâtiment — Adieu isolants devenus inefficaces car détrempés par la pluie sur les chantiers, bonjour économies d’énergie !), réduire les nuisances de chantier en divisant par 2 les délais de construction, d’améliorer les conditions de travail des ouvriers et d’ouvrir cette industrie aux femmes, aujourd’hui très largement exclues des chantiers. Bref, de permettre au BTP de rattraper son retard pris sur les attentes de la société en matière d’environnement.

 

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