Tribune sur la RE2020

Notre cofondateur Sylvain Bogeat vient de publier une tribune sur Les Echos

La RE2020 est un levier indispensable face au défi du réchauffement climatique, mais comment amortir les coûts supplémentaires qu’elle entraînera ? L’urbanisme durable ne doit pas se faire au détriment du logement abordable…

Comment réconcilier logement abordable et construction durable à l’heure de la RE2020 ?

1er janvier 2022. Après de nombreux soubresauts, la RE2020 est officiellement entrée en vigueur. L’essentiel de la directive européenne 2010/31 a été conservé. Désormais, tout logement devra optimiser l’impact carbone de sa construction et de sa consommation énergétique. C’est donc une évolution majeure pour essayer de résorber l’empreinte carbone délétère du secteur de la construction.

Avec son analyse de cycle de vie (ACV), la RE2020 adopte une approche holistique du bâtiment : de nouveaux indicateurs (IC Energie, IC Construction) évaluent l’impact de celui-ci de sa construction à son utilisation et jusqu’à sa démolition ! Chaque type de bâtiment doit désormais passer sous les fourches caudines de paliers de CO2 à ne pas dépasser. Le régulateur a voulu, à juste titre, mettre d’équerre les habitudes de construction en favorisant les matériaux bio-sourcés au détriment du béton, qui a lui seul est responsable de 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Évidemment, les bétonneux ont rué dans les brancards. Tant et si bien que son implémentation sera progressive avec des calendriers différents pour les bâtiments résidentiels, de bureaux et d’enseignement. L’essentiel demeure, et la transition vers un urbanisme durable pourra encore s’accélérer sous l’impulsion du prochain paquet européen fit for 55.

Les regards se tournent désormais vers l’avenir et l’adaptation des projets de développement à ces nouvelles prescrip-tions. Les experts évaluent l’impact de cette régulation à un surcoût de 20 %, en bonne partie à cause de matériaux plus onéreux. Sommes-nous pour autant condamnés à assister, impuissants, à une hausse systémique des prix de l’immobilier et, in fine, un renchérissement de l’accès à la propriété ?

Puisqu’aucun acteur ne peut absorber ces surcoûts, il faut prendre le problème à la racine. Si le secteur du bâtiment est aussi dépendant de matériaux polluants à faible coût comme le ciment, c’est parce que les gains de productivité y ont été historiquement inférieurs à 1 % par an. Cette industrie, en particulier en France, est sclérosée par des pratiques archaïques. Il faut repenser la façon de construire, en utilisant certes des matériaux à faible impact, mais surtout en bâtissant de manière plus efficace.

Le match se joue dès la conception, en digitalisant celle-ci, mais surtout en raisonnant dès les premières phases d’un projet à partir des spécificités du produit. C’est ce qui se fait dans toutes les industries de procédés, de l’automobile à l’ameublement. La construction passera ainsi d’une logique d’artisanat à une logique d’industrie.

Le secteur du bâtiment à l’opportunité de jouer un rôle face au dérèglement climatique, mais pour cela, l’innovation technologique et l’industrialisation doivent être au rendez-vous !

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